Le suicide, du point de vue de la kabbale et de la logothérapie

Le suicide, du point de vue de la kabbale et de la logothérapie

Deux éclairages complémentaires -traditionnel et contemporain- qui peuvent aider à retrouver le sens de la vie humaine.

RÉFLÉCHIR SUR  “ SHALOM ”, C’EST DÉJÀ DONNER DU SENS À LA VIE

En hébreu, on dit “ Shalom ! ” pour se dire  “ Bonjour ! ”, mais  ce mot a plusieurs significations, et entre autres “ Paix ”, “ Plénitude ”, “ Accomplissement ”. En disant “ Shalom ” à quelqu’un, je lui souhaite de passer un “ Bon-jour ”, mais surtout d’être en paix avec lui-même. Or la personne qui ressent un tel vide qu’elle souhaite en finir avec ses jours,  ressent en fait un manque de Shalom avec elle-même ou avec le monde qui l’entoure.

¨  la paix intérieure nous protège des adversités extérieures

Le suicide est souvent la conséquence d’un sentiment de vide, et Shalom représente déjà un remède car il est cette paix intérieure qui transcende les contraintes de la contingence. Si je suis en paix avec moi-même, cette paix me préserve des tensions extérieures, elle me permet de garder une certaine tempérance face aux difficultés de ce monde, lorsque le “ jour est mauvais ”. Mais si je ne suis pas en paix, je suis incapable d’apprécier la journée, même si c’est un “ bon- jour ”. Quoi qu’il puisse m’arriver, je n’en verrai que le côté négatif.

¨  l’homme est un projet divin qui doit se compléter lui-même

Parler du suicide selon la Kabbale, c’est se placer du point de vue d’une tradition pour laquelle le monde a été créé. Et qui dit créateur dit projet. De ce point de vue, le projet est l’Homme. Mais les commentaires du texte biblique montre que l’homme créé est inachevé, et qu’il est placé dans un monde provisoire pour se parachever lui-même, en s’associant ainsi au créateur pour sa propre réalisation. Tel est le but de l’homme dans ce monde: se réaliser ; toute les expériences de vie,  qu’elles soient heureuses ou malheureuses, vont dans ce sens.

¨  pour parler du suicide il faut y avoir été confronté

Il est difficile de se mettre à la place  de celui qui décide de mettre un terme à sa vie, à moins d’avoir soi-même vécu ce sentiment. Seuls ceux qui l’ont vécu peuvent réellement en parler. Quant à ceux qui ont réussi leur tentative, ils ne sont plus là pour le faire. Il ne nous reste que les paroles qu’ils ont prononcées avant leur geste fatal, mais suffisent-elles pour comprendre ? Ce que nous pouvons tenter de faire, c’est d’éviter que cela se reproduise, mais la leçon est si difficile ! Comment juger ? Qui juger ? Quoi juger ? “ Ah !  Si j’avais su ! ” Si j’avais su quoi ? Que faudrait-il savoir pour éviter que cela se reproduise ? Ici comme ailleurs, pour répondre à la multiplicité des situations, la parole juste ne se trouve pas dans des lexiques.

¨  la  LOGOTHÉRAPIE  ou “ recherche de sens ”

La logothérapie -ou thérapie du sens- a été inventée par Victor Franckl, qui a passé toute sa vie à développer la question du sens de la vie. Cette question touche de près ou de loin chaque individu, et atteint son paroxysme dans les circonstances extrêmes qui portent l’individu à ds pensées suicidaires. D’une façon plus ou moins consciente, nous nous posons tous les mêmes questions :Pourquoi vit-on ?Qui sommes- nous ? D’où venons-nous ? Où allons-nous ? Pourquoi la souffrance ? Pourquoi le monde ? Comment le monde ? Pourquoi Dieu reste-t-il silencieux ? Pourquoi Dieu ?

Questionnement permanent, questionnement universel inhérent à la nature humaine. ..Même si elle prend des formes différentes, cette question revient toujours et reste identique à elle-même : “ Quel est le sens de ma vie ? ”

¨  la  kabbable peut aider à retrouver le sens de nore vie

Les Traditions -et en particulier la Kabbale- peuvent donner un enseignement de sagesse pour éviter ces impasses, nous aider à trouver dans ces situations extrêmes que certaines personnes vivent d’autres solutions que le suicide. A l’écoute du sens donné à la vie, nous pourrions avoir des pistes pour comprendre notre expérience terrestre, ses joies et ses peines, et nous ouvrir à la possibilité d’un devenir meilleur, déjà présent en construction en chacun de nous.

Selon la tradition des anciens d’Israël, l’homme a été créé pour atteindre la plénitude spirituelle.  Mais alors pourquoi la souffrance, pourquoi la mort ?

Le kabbaliste Haïm Luzatto développe dans son enseignement comment cette finalité ultime d’un véritable bonheur peut exister malgré toutes les épreuves et les souffrances de ce monde.

La kabbale hébraïque vient nous éclairer sur :

  • La notion de vie, de mort et de naissance
  • La question du bien et du mal
  • La constitution de l’être et de son “âme ”
  • Les gilgoulimes  (roues des renaissances)
  • Le Gan Eden (le Paradis ou monde des âmes) et le Géhènom (l’enfer, que je nomme le “ centre hospitalier ” céleste)
  • La délivrance finale
  • Le “passage ” vers un ailleurs
  • La véritable connaissance de l’Unité Divine…

DEUX EXEMPLES CONCRETS

¨  Les tentatives de suicide sont l’expression d’un dilemme

Evelyneconsulte un thérapeute pour trouver une solution à sa détresse après plusieurs tentatives de suicide. A la fin du premier entretien, celui-ci lui dit qu’une psychothérapie demande du temps et qu’il n’ aucune certitude de la voir vivante dans une semaine. Il lui propose alors un contrat de travail avec un accord explicite de ne pas faire de nouvelle tentative de suicide pendant la durée de la thérapie. Mais deux jours après cet entretien, elle récidive. Quand elle revient, le thérapeute lui reparle de leur contrat. Elle souhaite évidemment sortir de sa situation, mais il y a une autre partie d’elle-même qui trouve sa solution dans le suicide. Une partie plus sombre, plus insidieuse, et c’est avec cette partie qu’il va falloir passer un nouveau contrat. En commençant par rechercher son intention “ positive ”: que gagnerait-t-elle par le suicide ?

-Sa première réponse: “ Je n’embêterai  plus personne. ”

A cela, je lui demande, dans le cas où le suicide réussirait, si personne ne souffrirait de son décès ? Il était simple d’imaginer la souffrance de ses enfants et l’impact terrible qu’un suicide portera sur leur mémoire.

Sa deuxième réponse est : “  Je ne souffrirai plus ! ”

Je lui demande si elle en est sûre. Qu’est ce qui peut nous faire dire que la mort correspond à l’arrêt des souffrances ? Y a-t-il quelque chose après la mort ? Si oui, que garde l’âme en mémoire après avoir quitté ce monde ? Comment savoir si de l’autre coté l’âme ne souffrira pas de cet acte de suicide ? Que savons-nous du sort des suicidés? Du point de vue de l’expérience, nous n’en savons rien. Par contre, ce que nous savons, c’est que lorsqu’on trouve un sens ou une raison de vivre dans des situations difficiles, la souffrance diminue et la santé mentale s’améliore. Nous savons aussi, selon l’enseignement de la tradition hébraïque sur les pérégrinations de l’âme, que si nous n’avons pas réglé nos problèmes de notre vivant, nous aurons à revenir dans une autre incarnation.

¨  les réponses de la kabbale

La Kabbale nous parle de plusieurs niveaux d’existence de l’âme: Néféch, Rouah, Néchama, Haïa, YéHida,  en relation les unes avec les autres. Sans rentrer dans le détail de ces relations, l’objectif est d’expérimenter, par notre expérience de vie, le niveau divin de notre âme, la Néchama. Ces questions sur la vie et sur l’âme ont permis à Evelyne de repenser sa situation. Nous avons pu cette fois refaire un contrat avec les deux aspects d’elle-même. La logothérapie pouvait alors commencer. Nous sommes passé des questions existentielles aux apports traditionnels, ce qui nous a permis d’aborder les questions fondamentales et redonner à Evelyne une raison de vivre.

¨  Quand les étudiants dépriment

Dans un autre registre que le suicide, mais proche de la démarche en logothérapie, j’enseigne depuis plusieurs années dans le département de formation humaine et sociale d’une école d’ingénieur à Toulon. Je rencontre parfois des élèves qui, au milieu de leurs études, ont la certitude qu’ils vont redoubler et abandonnent toute idée d’effort. Ils “ font les morts ”, c’est-à-dire qu’ils attendent passivement la fin de l’année. Cette attitude est une forme de suicide scolaire. Il peut paraître indécent de faire le lien avec la situation de ceux qui sont arrivés au point de vouloir en terminer avec la vie, mais cela sert à montrer que la perte de sens touche beaucoup de domaines de la vie. Ces étudiants sont en quelque sorte en perte d’un sens qui motive leur effort.

Pourtant, nous savons bien que le sentiment d’accomplissement ou de désespoir ne sont pas obligatoirement impliqués avec la réussite ou l’échec. Il arrive que des personnes qui réussissent dans la vie aient en elles un certain désespoir ; comme si, dans la perception qu’ils ont de leur valeur, il y avait une discordance, un vide de sens qui les conduit à une chute au niveau de l’être. Alors que d’autres individus, devant l’échec, demeureront au contraire épanouis, et même se sentir accomplis : W. Churchill n’a t-il pas dit que “ Le succès, c’est d’aller d’échec en échec sans perdre son enthousiasme ” ? Ces êtres sont, en quelque sorte, dans une dimension verticale au niveau de l’accomplissement de soi et ne sont pas affectés dans leur qualité d’être par les échecs provenant de la dimension horizontale.

Évidemment, nous souhaitons tous réussir ce que nous entreprenons, mais cela ne devrait pas affecter “l’être ”, qui appartient à un autre registre de valeur.

La logothérapie peut nous aider par un recadrage de sens. Le but n’est pas de dédaigner les récompenses matérielles d’une vie accomplie, mais d’ éviter la confusion entre les notions de succès et d’accomplissement qui, en cas d’échec, risque de nous mener à la dépression,  entraînant une chute de l’image de soi, alors que le problème est d’un tout autre registre. Une inversion de pôles s’instaure. Nous nous identifions à nos fonctions   -“ Je suis professeur, je suis étudiant… ”-, ou à nos résultats… -“ je suis bon, je suis nul ”-, ce qui revient à dire : je suis ce que je fais !

Or il se trouve que, si je m’identifie à mes actions, je ne suis plus l’être qui “est ” mais seulement “ celui qui fait ”. Ce qui signifie que si je rate, je me rate ; si je fais mal, je suis mauvais; si je ne peux plus rien faire, je n’existe plus.

Il m’est arrivé dêtre confronté à un certain nombre d’étudiants au bord de la dépression, pour un simple Devoir Surveillé raté.  Mon travail consiste ici à leur redonner goût à l’apprentissage. Même si l’objectif premier (réussir le devoir surveillé) n’est plus d’actualité, redonner du sens en se donnant une direction ou de nouveau objectif permettra à l’étudiant d’avancer.

En effet, comme le dit V. Franckl, “ Toute sa vie, l’homme cherche à atteindre des objectifs qui ont pour lui une signification ”.

Tout ceci revient une fois de plus à la recherche fondamentale de la personne humaine : retrouver le sens de ce qu’elle fait, se réapproprier le contrôle de sa vie, s’ouvrir à de nouveaux champs de conscience pour sortir des crisesexistentielles dans lesquelles il lui arrive de se trouver.

L’expérience de Victor Frankl

“ Le fait que j’aie survécu à quatre camps de concentration m’autorise à témoigner de l’aptitude incroyable de l’être humain à défier les pires conditions imaginables. ”

Victor Franckl est un psychiatre américain, inventeur de la logothérapie. La connaissance de l’homme sert à mieux comprendre son œuvre ; en effet, c’est ce qu’il a vécu dans les camps de concentration qui est à l’origine de cette oeuvre.

Son père, sa mère, son frère et sa femme, tous disparurent dans les chambres à gaz. Ce qui ne l’a pas empêché de découvrir que, malgré le caractère primitif de la vie concentrationnaire, certains prisonniers continuaient à y mener une vie spirituelle très riche. Et que c’était grâce à cette vie spirituelle qu’il pouvaient échapper à l’enfer des camps et retrouver une liberté intérieure.

Mais quelle liberté  d’accomplissement peut-il rester lorsqu’on est prisonnier, privé de ses proches, de ses vêtements, de son avenir, lorsqu’on a froid, qu’on crève de faim, qu’on est exploité, humilié, brutalisé et qu’on voit ses amis, ses enfants partir en fumée ou transformés en savonnettes ? Comment la santé mentale peut-elle subsister dans ces situations extrêmes ?

Et pourtant c’estjustement là, au milieud e souffrances inouïes, que le Dr Franckl va lutter et survivre. Mais ce désir de vivre n’a de sens que si une partie de sa vie intérieure l’aide à supporter son absurde souffrance. Pour survivre là-bas, il faut trouver une signification à sa souffrance, ou garder l’espoir que cette expérience  permettra de répondre à certaines questions essentielles, à  pouvoir en témoigner. Si la vie devait avoir un sens, alors là, ici même, dans le non-sens le plus total, il lui fallait le trouver, tropuver le sens de la souffrance et de  la mort dans l’infâmie. Et c’est là, dans  l’expérience des camps de concentrations, que le Docteur Frankl a développé cette étonnante interrogation sur les possibilités de réalisation et d’accomplissement offertes à l’homme !  Il a découvert que dans cette expérience extrême de la souffrance, il y avait des femmes et des hommes qui grandissaient en dignité par ce qu’il a nommé la “ valeur d’attitude ”. Le fait d’être confronté à la mort redonne parfois le sens de l’essentiel. Ce sont ces moments qui parfois nous obligent à tourner notre regard vers l’intérieur.

Beaucoup choisissaient le suicide ou attendaient impatiemment leur heure pour en terminer avec l’horreur. Mais en transmettant à certains cette force qui lui permettait de garder sa dignité, en leur parlant d’espoir et de sens transcendantal, V. Franckl permit à des centaines de déportés de survivre à l’infâme. Les nazis pouvaient tuer leur corps, mais n’avaient pas de prise sur leur âme.  Sorti de cette Choa, il écrit “ Un psychiatre témoigne ”, traduit en plus de quarante  langues, où il relate entre autres le cas de ces prisonniers qui allaient de baraque en baraque consoler leurs semblables et leur offrir leurs derniers morceaux de pain. Il nous prouve qu’on peut tout enlever à un homme, à l’exception d’une chose, la dernière des libertés humaines : celle de décider de sa conduite et de sa dignité, quelles que soient les circonstances. Au camp, les prisonniers entraient dans une sorte « d’ hibernation culturelle » entre la politique et la religion ( ? Pas clair)

“ Les manifestations religieuses étaient tout à fait authentiques. Les nouveaux venus étaient souvent frappés par l’intensité de la foi des prisonniers. Ils s’étonnaient d’entendre réciter des prières ou de voir célébrer des offices dans le coin d’une baraque. ”

Il arrivait qu’un prisonnier attire l’attention d’un compagnon de travail sur un coucher de soleil… Qu’un autre monte sur un baril pendant le « repas », et se mettet à chanter des arias italiennes… Il est sans doute encore plus étonnant d’apprendre qu’on pouvait même y trouver des gens qui n’avaient pas complètement perdu leur sens de l’humour, et que cet humour s’avérait être une très efficace arme défensive… Il y avait un nombre incalculable de souffrances à assumer… mais une seule chose comptait : se maintenir en vie et faire en sorte d’aider ses amis à faire de même. Tout tendait vers un but ultime…

Dans son livre “ Trouver un sens à sa vie ”, Victor Frankl  nous rend attentif au phénomène qu’il appelle la « névrose noogénique « , dont le signe est une dépression atteignant ceux qui commencent à ressentir l’absence de contenu de leur vie. Il cite une enquête qui révèle que vingt-cinq pour cent des personnes interrogées en Europe ont un degré plus ou moins marqué de vide existentiel, alors que ce pourcentage atteint les soixante pour cent chez leurs homologues américains !

*Le vide existentiel se manifeste surtout par un état d’ennui, de non-désir de faire, que l’on appelle acédie, que la Bible considère comme le pire des péchés .  » Aux psychiatres, l’ennui qu’éprouvent leurs patients donne certainement plus de fil à retordre  que l’angoisse ”, écrit V. Frankl.

Ce vide existentiel est à l’origine de nombreux suicides. On ne peut comprendre des phénomènes aussi répandus que la dépression, l’agressivité et la toxicomanie sans se confronter au vide existentiel qui les sous-tend.

La plupart des patients qui consultaient le Dr Franckl n’en étaient pas conscients : ils exprimaient d’autres souffrances que leur ennui, qui dérivait de leurs désirs refoulés. C’est à  Freud que nous devons cette découverte, que lui a certainement fourni l’enseignement de la Tradition talmudique sur l’inconscient, et qu’il a eu le génie de traduire par le principe de plaisir (la libido) et celui de réalité, qui constitue la base même de la théorie psychanalytique.

En effet, la Tradition hébraïque parle depuis plus de 3000 ans de la pulsion du plaisir, le désir de recevoir, le Yétser haRah). Malheureusement, Freud a complètement occulté la deuxième tendance exprimée dans la culture de ses pères, le Yétser Hatov, la pulsion du bien, du vrai, du juste, du désir de donner. On trouve bien dans la théorie psychanalytique la notion de pulsion de vie (Eros en grec) , face à la pulsion de mort (Thanatos), mais il faudra attendre Victor Franckl et la logothérapie pour découvrir que si  l’être humain cherche à assouvir ses besoins vitaux et sa recherche du plaisir, il possède également dans la profondeur de son âme un besoin de sens. “Si l’homme est un être de désir, il faut ajouter que ce désir l’oriente aussi vers une recherche de sens, une quête d’ordre spirituelle… ”

 

Grâce à V. Franckl, l’inconscient apparaît désormais comme un “composé d’instinctivité et de spiritualité inconsciente ” et en est  du même coup réhabilité. Vivre en tant qu’être humain est en soi un acte religieux, car l’humain cherche à donner du sens à tout ce qu’il entreprend. “ Un homme qui a trouvé une réponse à la question du sens de la vie  est un homme religieux ” :  tel est le propos d’Albert Einstein, cité par Victor Frankl.

Titre sur le sens

Se poser la question du sens, c’est se poser la question de sa place dans l’existence, la question de connaître “ ce que je suis venu faire dans ce monde ”.

Mais plus que de trouver le sens de la vie, il s’agit de donner un sens à sa vie.  Et cela en sachant que le sens de la vie change en fonction de l’environnement, de la culture, de l’âge ou du sexe. Être en quête, ce n’est pas chercher avec sa tête : la quête est une attitude d’ouverture, une ouverture à la question du sens, un sens qui ne se trouve pas mais se perçoit, comme on respire l’essence d’un parfum. Même si la route n’est pas toujours bien tracée, commençons par nous dire que “ là où je suis, il y a un sens ”, puis que tout au long du chemin, la vie continue à nous interroger sur le sens que nous lui donnons. L’observation permet d’élargir le sens sans jamais l’atteindre, car le but nous reste inconnu. Ce Sens, tant qu’on ne l’enferme pas dans une idéologie restrictive, ne fait que s’élargir. Si le sens de la Vie est un chemin sans fin, le sens de Ma vie, le sens de ce que je vis, ici et maintenant, est un cheminement auquel je fais face au quotidien. Perdre ce sens revient à perdre la direction, perdre le but, perdre la boussole… la réponse occidentale à cette perte est la psy… (psychologie, psychanalyse, pasychotérapie psy quelque chose). De psy en psy, de stages en séminaires, nous essayons de retrouver un bout de nous-même. Et c’est là qu’intervient la logothérapie, la thérapie du sens.

La base de cette théorie est que le besoin de spiritualité peut lui aussi être l’objet d’un interdit, comme le plaisir. Victor Franckl appelle la perte de sens “ névrose noogénique ”. “ La névrose révèle avant tout un être frustré de sens, ce qui conduit à penser que l’existence fondamentale de l’homme n’est ni l’épanouissement sexuel (Freud), ni une valorisation de soi (Adler), mais la plénitude de sens ”

Il y aurait dans l’être une instance psychique en quête de sens, et sans ce sens l’Homme serait en manque d’être. Le Dr Franckl a écrit plusieurs ouvrage sur le sujet dont : “ Donner un sens à sa vie ”  et  “ L’inconscient spirituel ”.  A 44 ans, Frankl présente sa thèse sur “Le Dieu inconscient ”, élaborée à travers son expérience clinique. Un titre provocateur

Selon V. Franckl, l’inconscient ne parle pas seulement de désirs insatisfaits mais également de Dieu avec qui  l’homme, au-delà des apparences, garde toujours une relation, même s’il n’en a pas conscience.  Malheureusement, le mot “ Dieu ” prête à confusion. Ce terme a été tant  galvaudé et a servi à justifier tant d’ attitudes exclusives et fanatiques que beaucoup, surtout parmi la jeunesse intellectuelle, n’osent plus parler de Dieu.  Mais pour le croyant, Dieu porte en lui le secret de l’existence, Il n’est ni une abstraction ni un concept. Le croyant vit Dieu comme une présence permanente.

A nous de redonner vie et sens au mot “ Dieu ”. Pour la tradition biblique, ce mot représente le rayonnement de Dieu, sa présence dans le monde et non Dieu lui-même. Il y a du divin dans le monde et cela dans différentes directions de sa manifestation, chaque direction portant un des noms Divins spécifiques à son action.

Si ce monde est incréé et que l’être humain n’est que le fruit d’un hasard, il peut tout aussi bien disparaître par le même hasard. Dans ce cas, la notion de sens n’a pas lieu d’être, et moins encore celle de chercher  un sens à la souffrance.

 

Je suis invité pour vous parler du suicide vu par la Kabbale, et me voilà entraîné dans le courant de la logothérapie. J’aurais pu parler de Torah-thérapie, la thérapie de l’âme, mais en ce qui concerne l’application clinique, la logothérapie reste, à mon sens, l’approche la plus fidèle à son enseignement : même s’il convient de préciser que la logothérapie est une science thérapeutique de l’être en souffrance, que le logothérapeute intervient en tant que praticien de la santé de l’esprit et non en tant que prêtre, qui lui s’occupe de la santé de l’âme. Tout en gardant à l’esprit cette réserve que V. Franckl souligne lui-même, nous retrouverons ses enseignements sur la question du sens telle que l’envisage le judaïsme.

Envisager le suicide du point de vue de la Kabbale :

Dans » L’enseignement légué à l’Humanité », le Rabbin Joël Schwarz  développe l’idée de la quête de sens paà partir d’une exégèse biblique : “ L’homme se distingue du reste des êtres vivants par le fait qu’il est toujours à la recherche de quelque chose qui semble lui manquer ”. Même lorsqu’il a mangé à satiété et que rien d’extérieur ne le trouble, l’homme ressent quelque chose qui réclame une solution aux problèmes de l’existence. “ L’homme se trouve continuellement en état de manque ”,car il possède en lui une partie de l’esprit qui est avide de satisfaction authentique…

« Jamais l’âme de l’homme n’est assouvie ! » (L’Ecclésiaste).

Selon la tradition des sages d’Israël, il existe une relation entre la recherche de sens et la recherche de « plaisir » ; toutefois le véritable “ plaisir ” recherché n’est pas matériel mais plus subtil, car d’ origine spirituelle.

Mais on a commencé à refuser l’expérience religieuse en tant que possibilité de connaissance, pour terminer par l’annulation même de l’idée du sens avec le concept philosophique de la mort de Dieu.

C’est lorsqu’il est en manque de sens que l’homme, en terme de compensation à ce manque, finit par se tourner vers une recherche de plaisirs de plus en plus matériels.

Ainsi dans cette approche, ce ne serait pas la spiritualité qui viendrait en “sublimation ” au manque de jouissance de ce monde mais, au contraire, cette demande de jouissance ne serait que l’effet pervers d’un manque de sens.

Comme nous l’avons vu, la Bible parle de Dieu comme principe créateur. S’il y a un principe créateur, le créateur a, de ce fait, un projet. Il n’y aurait donc pas de hasard, et nous ne pouvons que  rechercher en quoi consiste ce projet.

Ce qui est à la fin de l’œuvre est au début de la volonté, nous dit la Tradition. Tout comme pour comprendre le travail d’un architecte, il faut attendre la fin de la construction de l’ouvrage pour que  le plan se dévoile.

Dans la Genèse biblique, l’aboutissement du processus de la création est l’Homme. Or, la Kabbale nous montre que la volonté Divine a décidé que l’homme crée soit inachevé afin qu’il termine lui-même l’œuvre attendue. Lorsque nous lisons dans la Genèse : “ Faisons un homme à notre image… ” Le pluriel “ faisons ” pose question. La version ésotérique explique que Dieu demande à l’être en création : “ … faisons de toi un être en devenir, un homme à l’image de mon projet ”. En disant « Faisons un homme », Il s’adresse à l’homme comme point de départ. “ Faisons un Homme ensemble ” sous-entend que l’homme inachevé sera ainsi associé à Dieu pour sa propre réalisation. Toute l’histoire biblique n’est en fait que le récit de l’engendrement de l’être créé en devenir au moment de la création, devant s’élever vers sa destination ultime.

L’essentiel de cette présentation tient dans ce verset de la sagesse hébraïque : «  Ce monde n’est que le vestibule du monde futur; prépares- toi dans le vestibule  pour que tu puisses entrer dans l’intérieur du palais. ».

Le sentiment du vide fait partie de l’Être humain

Nous sommes donc loin d’un déterminisme absolu, où l’homme ne pourrait que subir ce qui a été programmé pour lui. Bien au contraire, l’homme est associé à la réalisation du projet qui est son accomplissement, sa propre réalisation et sa plénitude (Chalem).  Il sera donné à l’homme d’accomplir, de réaliser ce qui lui est promis en terme de projet, la réalisation de son être véritable.

Dans cette optique, le véritable sens de la vie est notre propre réalisation. Selon la tradition des anciens d’Israël, l’homme a été créé pour atteindre la plénitude spirituelle.

Le rabbin Haim Luzzato dit dans  “Le chemin des justes”: « L’homme n’a été créé que pour se délecter en l’Eternel et pour jouir de l’éclat de sa présence. Cela constitue le plaisir véritable et le plus grand délice. »

Nous retrouvons la même idée dans les Psaumes : “Pour moi, l’approche de Dieu est mon véritable bien. Il y a une chose que je demande constamment, c’est de séjourner dans la maison du Seigneur tous les jours de ma vie et de contempler sa splendeur ”.

Tel est le premier sens de cet “ être en devenir ” que nous sommes tous. Nous sommes créés “ manquants ”, nous dit la Kabbale, grâce à un vide de la présence divine qui s’est retirée pour laisser place à notre possibilité de création et de liberté face à l’Etre: c’est ce que la kabbale appelle tsimtsoum1 . C’est le vide lui-même qui engendre le désir de combler notre manque d’être pour atteindre la plénitude la paix en soi (chalem).Ce manque primordial est le manque de cette plénitude spirituelle. Ainsi, Dieu crée un être de désir et se donne à être « reçu » par l’homme : c’est la notion de Kabbel1. C’est par ce principe qu’est actionné le désir de sens qu’éprouvent les âmes supérieures. Les épreuves de la contingence font dériver ce désir vers d’autres besoins et la souffrance ou la déviance peuvent nous écarter de ce principe. Mais si je perds  le sens, alors je perds ma véritable raison de vivre.  Retrouver le sens me permet de vivre en ce monde, malgré les épreuves, dans une attitude qui me permette de continuer à me construire. Ceci nous amène à comprendre que le vide existentiel n’est pas un problème en soi puisque telle est la constitution de l’être humain. C’est en fait ce manque qui crée le désir d’avancer, de grandir, d’apprendre… Ce monde devient le laboratoire de notre “ apprentis-sage ”,  le vestibule qui nous prépare à  entrer à l’intérieur du palais Divin. ».

Mais si nous nous donnons la mort, quel est le sens de cet apprentissage ?  Quel sens donner à tout cela si nous devons terminer notre vie comme poussière dans la terre ?

D’ailleurs, pourquoi opposer la mort à la vie ? La vie n’est pas le contraire de la mort, elle contient la naissance et la mort, la vie est tout ce que nous vivons… La mort est nécessaire pour assurer le renouvellement. S’il n’y avait que des naissances, le monde cesserait d’exister. la planète serait dévorée par les arbres et la faune, de plus en plus nombreux… Si la vie contient naissance et mort, la vie ne fait que continuer après la mort sous une autre forme… Et la même lacinante question revient : sous quelle autre forme existons-nous après la mort ? Que garderai-je de mon expérience sur Terre ? Quel bénéfice tirerai-je de cette expérience, sinon les valeurs que j’ai acquises? Car il est certain que, même dans les situations les plus difficiles, je peux encore acquérir de nouvelles valeurs.

En se  » faisant » Homme, l’homme se construit et construit le monde. En construisant le monde, il « dévoile » la « face cachée » du Divin.

Comme dans beaucoup d’autres Traditions1, cette réalisation se fait rarement en une seule existence. La kabbale parle de cycles de renaissance ou gigoulim , la dernière réincarnation étant la résurrection.

dieu ne nous demande pas où nous sommes, mais oU nous en sommes

Un grand sage de la tradition juive  disait : “ Cherche la paix en ton lieu, à l’endroit où tu es, dans la situation que tu vis… ”. C’est là où je suis que cela se passe pour moi.

Dans son livre “ Chemin de l’homme ”, Martin Buber, cite un passage biblique de la Genèse.  Après le passage (verset ?) traduit par “ la faute d’Adam ”, Dieu demande à l’Homme : Ayéka ?, généralement traduit par “ Où es-tu ” ? Mais comment peut-on imaginer Dieu cherchant un homme qui se cache? Dieu l’omniprésent, Dieu l’omnipotent serait-il aveugle pour ne pas savoir où l’homme se cache?  Non, la véritable question de dieu est : “ Où en es-tu ?  Maintenant que tu as choisi la voie de la dualité, de la connaissance du bien et du mal, où en es-tu ? Où en es-tu dans ton chemin ? ”. Car lorsque la Bible parle, elle parle à chaque être humain. La question interpelle chaque homme en tous temps et en tous lieux. “ Aussitôt que l’homme comprendra la question biblique comme lui étant personnellement adressée, il prendra nécessairement conscience de ce que cela signifie lorsque Dieu demande : Et maintenant, où en es-tu ? Que devient le sens de ta vie ? ” 1 Maintenant, sur ce chemin qui est tien, cherche la paix en ton lieu, celui que tu as choisi, dans  l’expérience de vie qui est la tienne. Cette question, “ Où en es-tu ? ”,   est une question permanente sur le chemin de l’expérience. A chaque instant de notre vie nous pouvons nous la poser: Où en sommes-nous ? Si l’homme se cache, conclue Martin Buber, c’est de lui-même qu’il se cache.

 

Dans les maximes des Pères, Hillel disait : “ Si je ne suis pas pour moi, qui le sera ?… et si ce n’est pas maintenant, quand ? …, et si je ne suis que pour moi,  qui suis-je…? »

Le texte nous dit par ailleurs que nous sommes créés à l’image de Dieu : n’est-ce pas étonnant ? Comment peut-on être créé à l’image de Celui qui n’a pas d’image? Par ailleurs, il est écrit : “ Tu ne te feras pas d’image ”:  pas d’image, c’est-à-dire pas de concept, pas d’idées. Dès que je dis quelque chose sur Dieu, ce n’est plus Dieu. Si je suis à l’image de Dieu, le “ je” que je suis en réalité  n’a donc pas d’image, et ma véritable nature est insaisissable : je ne peux décrire ce que je suis en réalité. Dès que je parle de moi avec des images mentales, ce n’est plus vraiment moi.  Je peux avoir une idée de ma forme corporelle, des fonctions que j’exerce, des expériences que je vis, mais mon être, dès que j’en parle, je crée un concept et le “ Je suis ” ne peut être enfermé dans un concept. Et pourtant, nous devons parler de nous si nous voulons savoir où nous en sommes. En ce qui concerne Dieu, nous savons par tradition que la Bible ne parle pas de l’essence de l’Être divin lorsqu’elle le nomme, mais exprime la manifestation de Dieu dans le monde, son agir, sa présence. Idem pour mon Être, je ne peux connaître sa véritable essence et ce que je peux connaître, c’est comment mon Être qui agit en moi.

l’homme est destinÉ a se rÉincarner tant qu’il n’aura pas accompli son  oeuvre

Nous avons vu que la Kabbale parle de différents niveaux de l’âme, en se référant aux différentes influences de l’âme dans notre vie. Néfèche est la partie vitale, instinctive, liée aux émotions, aux désirs et aux pulsions : elle représente notre âme animale; Rouah est le souffle, alors que l’âme intellectuelle (spirituelle ?), Néchama, est l’âme Divine.

Chaque niveau est en relation avec tous les autres niveaux : le Rouah influera par la raison notre comportement instinctif et recevra lui-même une influence de la partie supérieure, la Néchama, par le truchement du questionnement spirituel.  Mais après un décès, que se passe-t-il ? Le corps retourne à la poussière, le Néfèche disparaît aussi après un certain temps d’introspection où la question fondamentale nous est à nouveau posée : “ Où en es-tu ”? Fort des apprentissages au géhennome1,  le Rouah remonte à son tour vers la Néchama qui, elle, est en route vers ce qu’on appelle “ le jardin des âmes ”, où se décideront les besoins de l’âme et où sera établi un nouveau projet de réincarnation pour ceux qui n’ont pas réalisé leur œuvre. Et de réincarnation en réincarnation, l’âme se perfectionnera jusqu’à l’incarnation ultime pour vivre la résurrection.

*Insérer tableau avec les rapports de correspondance entre les différentes âmes

Qu’en est-il alors de l’âme d’une personne qui s’est  suicidée? Quel est son statut par rapport aux morts “ naturelles ” ou mieux, non-volontaires?

le suicide n’est ni mort, ni vivant

D’après le Talmud, le suicide pose un réel problème par reapport au rituel du deuil, qui correspond dans la tradition juive à un accompagnement de l’âme du défunt. Mais dans ce cas, où va l’âme du défunt ? Celui qui se suicide est considéré comme un meurtrier puisqu’il vient de tuer une personne, même s’il s’agit de sa propre personne : je fais partie d’un projet global et, en me tuant, j’élimine un élément de ce projet divin. Nous ne sommes pas seulement responsables de notre propre réalisation mais également de celle des autres : si nous nous tuons, c’est l’ensemble que nous altérons, nous attentons à un projet collectif, celui de l’humanité.

Il est donc de notre devoir d’ aller jusqu’au bout de l’expérience que nous avons à vivre sur terre car quoique inous fassions,  nous devrons terminer ce que je nous n’avons pas terminé. Comme les criminels, le suicidé sera “ condamné à mort ” par le tribunal, ce qui revient en fait à être condamné à renaître. Il ne s’agit plus de la mort de son corps mais, comme nous l’avons vu, la vie humaine se poursuit à d’autres niveaux. Nous savons que certains morts sont considérés comme vivants et que certains vivants paraissent morts. Qu’est ce qu’un mort vivant ? C’est un être qui s’est réalisé et qui n’a plus besoin de se réincarner. Il quitte ce monde terrestre, il est vivant car il entre dans l’éternité. Qu’est ce qu’un vivant mort ? C’est un vivant qui a stoppé son processus d’évolution. Mais le suicidé n’est ni mort ni vivant… Il n’est pas mort, parce que son heure n’est pas arrivée  et qu’il devra attendre son heure pour vivre le processus que nous avons décrit. Mais il n’est pas non  plus vivant car, étant coupée de l’influence de sa partie supérieure, son âme désincarnée ne peut plus rien faire pour arranger sa situation. Dans une optique psychanalytique, c’est comme si le Moi continuait à vivre hors de son corps, sans le soutien de la partie supérieure du Soi, comme s’il était coupé de son essence. On pourrait donc interpréter la condamnation à mort du tribunal comme un moyen pour sortir de cette situation infernale pour le suicidé, car la réincarnation est le seul moyen de résoudre la problématique que l’être a à vivre (pas très clair). Condamnation ne signifie pas punition : une loi divine qui punit n’a pas de sens. Il s’agit de trouver le remède pour réparer ce qui a été déformé, tordu par nos actes. Il s’agit davantage de réparation (Tikoun) que de punition. Un assassin se condamne à être tué dans une autre vie, il s’agit là d’une loi que le bouddhisme appelle loi karmique.  Mais qu’est ce qui se passe pour le suicidé ? S’étant condamné lui-même, comment pourra-t-il réparer son erreur ?

La kabbale nous dit que l’âme du suicidé se trouve non seulement séparée du corps et de l’expérience de vie qui lui a été assignée pour réaliser son être, mais également de son essence. Loin de se libérer des souffrances qui l’ont incitée au geste fatal, loin d’éviter l’expérience qui lui était nécessaire ou les pénibles circonstances qu’elle était appelée à vivre, cette âme devra attendre son heure dans un “ entre deux mondes ”, avant de revenir faire le nécessaire pour réparer son geste1!

Lorsqu’on devient conscient du drame que les suicidés sont appelés à vivre, ici ou de l’autre côté, on ne peut que faire en sorte d’éviter cette solution, qui non seulement apparaît privée de sens mais compromet dangereusement notre chemin de vie.

Il y aurait bien sûr d’autres considérations à faire pour comprendre réellement quel est le sort de celui qui décide d’en finir avec la vie. Si nous acceptons l’hypothèse énoncée que la mort du corps ne donne pas fin à la vie mais ne constitue qu’un changement d’état, que se passe-t-il  dans un suicide ? répét. A revoir

Le problème théologique posé est que l’être en devenir n’est plus dans son lieu d’accomplissement.

Il n’est plus dans son temps d’expérience et n’a plus son outil de travail, c’est-à-dire son corps et la partie de l’âme attachée au corps.

12 réflexions au sujet de « Le suicide, du point de vue de la kabbale et de la logothérapie »

  1. Ce n’est pas l’aspect du suicide en soi qui m’interpelle mais le développement et ce passage sublime sur le SENS de la vie. « En se  » faisant » Homme, l’homme se construit et construit le monde. En construisant le monde, il « dévoile » la « face cachée » du Divin. » me rappelle le livre de Daniel Meurois « Comment dieu devint Dieu » et dans lequel il parle de l’humain en terme d’ébauche! Un humain en devenir.

    « Se poser la question du sens, c’est se poser la question de sa place dans l’existence, la question de connaître “ ce que je suis venu faire dans ce monde ”. »
    Je n’ai fait que cela, poser cette question et peu à peu j’ai « reçu » les réponses.
    Quelle joie, quelle gratitude après avoir payé le « prix »….

    Ce n’est pas par hasard que je lis ce texte – Je suis dans cette phase de ma vie où je
    commence à ressentir cette joie intérieure qu’aucun objet de consommation ne pourrait me
    procurer, cette sérénité, ces moments d’intense plénitude, cette paix du coeur.
    Petite anecdote: paixducoeur est un de mes noms d’identification sur le net.

    Je vais faire circuler cet excellent texte. Merci.

    • Merci « paixducoeur » pour ce commentaire. En effet le projet divin c’est de créé un être en devenir. Un être qui prend en charge sa propre création. Paix à toi.

  2. Bonjour Elie
    Quelques réflexions de ma part:
    lorsqu’on lit que « Dieu nous a créés à son image » je comprends dans le contexte de l’homme en devenir que le projet divin est effectivement de faire de chacun de nous des petits dieux.
    Il ne s’agit pas de copier-coller du divin mais de nous permettre de prendre en charge notre propre création en « utilisant à cet effet les matériaux » que le divin met à notre disposition et qui sont ceux
    que lui même représente. C’est bien ce qui fait que chacun est unique tout en étant une partie du
    divin – d’où la notion d’hologramme. Je laisse de côté cette tragique part d’ombre qui elle n’est
    certainement pas à attribuer au divin mais qu’il accepte puisque nous avons le libre arbitre.
    Sur l’origine de cette part d’ombre je suis encore indécise.

  3. Je suis très touchée Léo ce texte concernant le suicide, d’autant plus , par le fait que je viens de perdre mon Petit neveu par ce geste fatal , et je suis encore plus triste de savoir qu’il n’est ni vivant ni mort, ce que je sais , c’est qu’il était certainement dans un profond désespoir, et qu’il n’a rien réglé en commérant ce geste irréparable , il reste pour nous une douleur profonde et justement nous nous raccrochons davantage au divin car j’ai toujours été convaincu que notre passage sur terre ressemblait à une école , un transit obligatoire pour passer de l’autre côté , une vie spirituelle , vers la lumière, rien n’est gratuit , nous avons tous la même chance de nous réaliser et de savoir pourquoi nous sommes ici , il y a de nombreuses clés au creux. De notre main il faut simplement ouvrir les portes les unes après les autres , sans peur, et avancer vers la lumière merci Léo

    • Désolé d’une réponse si tardive, je n’ai pas eu connaissance des derniers commentaires. C’est en écrivant un article sur un autre site que je le découvre.
      Je vous propose d’aller voir ce que j’ai développer par ailleurs dans mon site sur le coaching existentiel et l’autre sur la kabbale existentielle.

  4. « On pourrait donc interpréter la condamnation à mort du tribunal comme un moyen pour sortir de cette situation infernale pour le suicidé, car la réincarnation est le seul moyen de résoudre la problématique que l’être a à vivre. »

    Extra-ordinaire ! La lois juive à même la solution pour sauver l’âme du suicider ! Condamner le suicider à mort, et donc faire venir son heure plus tôt que prévu, et enfin pouvoir le sortir de l' »entre deux mondes »

    Par contre, dans l’absolue, nous sommes censé prendre en considération que « rien n’existe en dehors de la volonté de Dieu » et que donc « le suicidé » n’à fait qu’obéir à la volonté de Dieu en se suicidant (si l’on prends en compte que le libre arbitre n’est que la conséquence d’un manque de daat/conscience, et qu’on donc on ne peu pas agir contre la volonté de Dieu).
    A partir de là, cette loi à certainement été créer pour stopper l’angoisse des proches du suicidé, qui risqueraient de le croire bloqué dans cet « entre deux mondes ».

    Qu’en pensez vous ?

    (PS: je suis enthousiasmé de constaté que la Logotherapie est en faite une « sciences » ressemblant étrangement à la kaballah dans son approche des choses. J’ai même l’impression qu’un Logotherapeute serait en faite un mécoubal qui appliquerait son savoir pour coacher).

    • Oui Benjamin, pour ceux qui connaissent les deux science en parallèle.
      Ces questions sont développées dans mon approche du coaching existentiel et de la kabbale existentielle.

  5. J’ai été confrontée au suicide dès l’âge de 10 ans, date à laquelle mon grand père s’est pendu et où nous avons dû passer les 3 mois de vacances sans partir en vacances, sans pouvoir écouter la radio ou regarder la télévision, sans pouvoir rire… pour racheter l’âme de mon grand- père. Bien plus tard, c’est mon meilleur ami dont j’étais amoureuse qui se pend et peu après, c’est un cousin proche qui se défenestre, le jour de mon anniversaire.
    Je ne comprends pas aujourd’hui encore ces morts qui jalonnent ma vie. Ils restent très présents dans ma vie et la question du suicide reste une question ouverte. Je ne sais que penser, la seule chose est que je suis particulièrement sensible à la question de l’ignorance. Nous ne savons ni réellement qui nous sommes, ni la réalité des actes que nous posons. Et dans ce cas, notre libre arbitre n’est pas du libre arbitre mais de la pure ignorance !

    • Nous n’avons pas la connaissance pour répondre au pourquoi de geste des suicidés car il ne sont plus là pour le dire. Parfois ils laissent un message de désespoir. parfois non. Mais est-ce que le contenu du message est la véritable cause du geste? Pas certain. Parfois c’est une tentative de suicide qui a mal tournée.
      Par contre ce qui est de ta propre responsabilité c’est la réponse que tu te donnes à avoir été témoin. Et ce que tu peux en faire. Viktor Frankl qui a été témoins de centaines de suicide durant la shoa, est devenu un des plus grand thérapeute sur la question. dès milliers de suicite ont pu être évités grâce à son témoignage et à l’enseignement qu’il a transmise. Elie

  6. Le suicide nécessite-t-il un courage extraordinaire ou est-il une lâcheté envers la vie ? je me pose la question car si j’avais été courageuse, peut-être au cours de mon adolescence dépressive aurais-je attenté à mes jours ? Aujourd’hui mariée, 3 enfants, 5 petits-enfants, la vie me sourit, alors si j’ai manqué de courage, je ne le regrette pas.

    • Désolé Simone, je réaménage le site et je découvre La question. Oui je dis bien La question, car cette question à une porté universelle.
      Je ne pense pas qu’il faille parler de courage en ce qui concerne le suicide. Je pense plutôt à une détresse total sans rien autour pour se raccrocher à la vie, un lâcher prise de tout espoir. C’est aussi un focus sur la cause de la souffrance sans connexion de notre instance spirituelle.
      Ainsi, à mon sens, ce n’est pas le manque de courage qui a fait que tu n’ais pas passé à l’acte, mais certainement ton âme, cette instance spirituelle, qui t’as protégé car elle savait que la Vie avait besoin de toi.
      Dans le langage de la logothérapie nous dirons que ton inconscient spirituel a pu jouer son rôle. Tout le travail en logothérapie est d’ouvrir nos portes à de ce partenaire silencieux. Elie

      • Merci beaucoup pour cette  belle réponse.

        J’ai pris beaucoup de retard dans mes lectures, mais je vais m’y replonger très vite. A bientôtSimone

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